Diamond Island, Phnom Pehn, 2018-2019

Diamond Island — ancienne île maraîchère reconvertie en temple de la modernité — cristallise toutes les interrogations inhérentes à la transformation du Cambodge : reconstruction de la mémoire et de l’identité, effacement d’un paysage après-coup1 et réappropriation de nouveaux espaces de vie. 

 Sur cette île située à l’embouchure de la rivière Tonlé Bassac, dont le cours rejoint le Vietnam, le temps paraît parfois suspendu. Le jour, le silence et le vide sont rompus par le martèlement de jeunes ouvriers. Ils disent venir des campagnes pour un meilleur salaire. La nuit, c’est le point de rencontre pour la jeunesse cambodgienne. Autour de ce lieu en pleine transition urbaine, il y a l’ancienne génération : ceux qui ont vu et voient encore leur pays changer. Des cinémas détruits aux maisons démolies en passant par les espaces verts qui sont désormais les terrains vierges happés par les investisseurs étrangers, la transition urbaine est de plus en plus rapide. Quelle mémoire du Cambodge se crée-t-il alors ? Que reste-t-il du Cambodge d’hier ? 

Comment donner à voir par l’acte photographique, — encore interdit au Cambodge il y a 40 ans seulement — un « lieu de mémoire » ? Un espace à la fois physique et psychique, qui entremêle l’histoire collective et l’histoire individuelle. Les photographies de cette série forment ainsi, par des allers-retours entre passé et présent, les fragments d’une mémoire morcelée.

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